À défaut de définir une politique claire, a fortiori une qui rompe avec les dégâts écologiques et sociaux de son premier quinquennat, Emmanuel Macron tente de verrouiller sa communication. Quitte à mettre la pression sur les médias.
C’est ce qui est arrivé au chercheur Paul-Max Morin, docteur en sciences politiques, chercheur associé au Cevipof et auteur de Les Jeunes et la guerre d’Algérie (PUF, 2022), après la tribune qu’il a publiée dans Le Monde jeudi 1er septembre, au retour du voyage du président de la République en Algérie.
Fait extrêmement uncommon dans l’histoire du journal du soir, celle-ci, intitulée « Réduire la colonisation en Algérie à une “histoire d’amour” parachève la droitisation de Macron sur la query mémorielle », a été dépubliée dans la journée par la course.
La première mise au level pour justifier ce geste était celle-ci : « Ce texte reposait sur des extraits de citations qui ne correspondent pas au fond des déclarations du chef de l’État. Si elle peut être sujette à diverses interprétations, la phrase “une histoire d’amour qui a sa half de tragique” prononcée par M. Macron lors de la conférence de presse n’évoquait pas spécifiquement la colonisation, comme cela était écrit dans la tribune, mais les longues relations franco-algériennes. Le Monde présente ses excuses à ses lectrices et lecteurs, ainsi qu’au président de la République. »
Cette démarche a suscité de nombreuses critiques de la half de plusieurs responsables politiques et de chercheurs. L’économiste Thomas Piketty a ainsi tweeté : « Censure inexplicable et inexcusable de la half du journal Le Monde. On peut être en désaccord avec la tribune, pas la supprimer parce qu’elle déplaît à l’Élysée. »