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L’Allemagne a réévalué sa place sur l’énergie nucléaire après l’invasion russe de l’Ukraine. Le gouvernement d’Olaf Scholz, au sein duquel siègent des écologistes, est revenu sur la fermeture définitive des trois dernières centrales allemandes prévue pour fin 2022, selon le calendrier de sortie du nucléaire décidé par Angela Merkel après la disaster de Fukushima. Pour faire face à d’éventuelles pénuries énergétiques, le pays va maintenir deux centrales nucléaires en veille jusqu’au printemps 2023, une volte-face jugée nécessaire.
« Il est certes très unbelievable que le système électrique connaisse des conditions de crise pendant quelques heures au cours de l’hiver mais ça ne peut pas être totalement exclu actuellement », a justifié le ministre écologiste de l’économie, Robert Habeck, cité dans un communiqué du ministère lundi 5 septembre. Deux centrales du sud du pays, Isar 2 (près de Munich) et Neckarwestheim 2 (Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest), resteront en veille pour faire face à toute state of affairs d’urgence énergétique.
« Une technologie à haut risque »
De nouveaux éléments combustibles « ne seront pas chargés et à la mi-avril 2023, ce sera également terminé pour la réserve » d’urgence, a-t-il assuré. « L’énergie nucléaire est et reste une technologie à haut risque et les déchets hautement radioactifs pèsent sur des dizaines de générations à venir », souligne le ministre.
Le vice-chancelier écologiste était l’un des plus réticents à une telle prolongation, réclamée avec insistance par leurs alliés libéraux au sein de la coalition gouvernementale. Pour M. Habeck, « une prolongation globale de la durée de vie ne serait pas défendable, même au regard de l’état de sécurité des centrales nucléaires ». « On ne peut pas jouer avec l’énergie nucléaire. »
Il a évoqué une « série de facteurs d’incertitude » pour justifier ce choix, qui risque de hérisser les Verts, opposants historiques du nucléaire. Outre les restrictions des livraisons de gaz russe, M. Habeck a cité le fait qu’environ la moitié des centrales nucléaires en France étaient à l’arrêt et la sécheresse, qui affaiblit la manufacturing des centrales hydroélectriques dans les pays voisins.
Cette décision résulte d’une experience, baptisée « stress-test », menée par les quatre gestionnaires du réseau allemand d’électricité, 50Herz Transmission, Amprion, TenneT TSO et TransnetBW. Début août, le chancelier Olaf Scholz avait préparé le terrain auprès d’une inhabitants traditionnellement peu favorable au nucléaire. Cela « peut quand même avoir du sens » de ne pas couper du réseau les dernières centrales du pays, avait-il estimé.
Recours accru au charbon
Un premier check en mars avait conclu que les trois centrales nucléaires encore en activité en Allemagne n’étaient pas nécessaires pour assurer la sécurité énergétique de la première économie européenne. Celles-ci produisent actuellement 6 % de la manufacturing nette d’électricité en Allemagne. « C’est un débat qui fait traditionnellement des vagues en Allemagne, qui suscite beaucoup d’émotions », a reconnu devant la presse M. Habeck à propos de cette pomme de discorde pour la coalition.
Face à la menace d’une pénurie d’énergie cet hiver, le gouvernement allemand a déjà décidé d’un recours accru au charbon, une énergie particulièrement polluante.
La semaine dernière, le géant russe Gazprom a annoncé que son gazoduc Nord Stream reliant la Russie au nord de l’Allemagne et qui devait reprendre du service samedi après une upkeep, serait finalement « complètement » arrêté jusqu’à la réparation d’une turbine de ce pipeline important pour l’approvisionnement des Européens.
Dimanche, le chancelier Scholz s’est voulu rassurant : l’Allemagne « pourra faire face à cet hiver » et assurer son approvisionnement énergétique en dépit du tarissement des livraisons de gaz russe dont son économie est fortement dépendante, avait-il affirmé. Mais il a également souligné que des changements au niveau européen sur le marché de l’électricité étaient nécessaires.
Comme dans d’autres pays de l’Union européenne, la hausse des prix nourrit l’inquiétude de la inhabitants et les appels à manifester, essentiellement à l’initiative de l’extrême droite ou de l’extrême gauche, inquiètent le gouvernement. Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, fin février, le gouvernement d’Olaf Scholz a débloqué des aides massives en faveur du pouvoir d’achat.
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