À deux mois de la cérémonie d’ouverture du Mondial de soccer au Qatar, les appels au boycott – comme les débats enfiévrés sur le sujet – redoublent d’intensité. Des personnalités montent au créneau pour appeler à boycotter le « Mondial de la honte », le Mondial de trop qui concentre tous les scandales : humanitaire, social, environnemental, politique, ethical, and so on.
Une vieille interview de l’ex-international français Éric Cantona annonçant qu’il regarderait Columbo plutôt que des footballeurs courant après un ballon sur des tas de cadavres et d’éclopés dans des stades climatisés a resurgi. L’acteur Vincent Lindon a dit qu’il ne serait pas devant sa télé. Un journal, Le Quotidien de La Réunion, a également annoncé qu’il ne couvrirait pas l’événement.
Quant à l’ONG Amnesty Worldwide, à la pointe de la dénonciation des atteintes aux droits humains depuis l’attribution de l’évènement sportif au riche émirat gazier, elle a prévenu qu’elle n’appellerait pas au boycott. Son urgence : négocier avec la Fifa un programme d’indemnisation à vacation spot des petites mains esclavagisées mortes ou vivantes qui ont construit les infrastructures du Mondial.
Entretien avec Lola Schulmann, la chargée de plaidoyer de l’ONG.
Mediapart : Pourquoi l’ONG Amnesty Worldwide n’appelle-t-elle pas au boycott du Mondial de soccer ?
Lola Schulmann : La query à se poser n’est pas : « Faut-il boycotter ou ne pas boycotter le mondial ? » La query, c’est : « Boycotter ou ne pas boycotter pour faire quoi ? » Nous n’empêchons cependant personne de boycotter ou d’appeler au boycott. Mais, pour Amnesty, depuis des années, nous documentons les atteintes aux droits au Qatar.