Natal, Bom Jesus (Brésil).– Grosses cylindrées ou modestes pétoires, deux cents motards trépignent devant la base aérienne de Natal, dans le nord-est du Brésil. Sous le soleil pesant de cette matinée du 17 juin, Jair Bolsonaro vient inaugurer la 5G sur une place de la ville. Mais peu importe l’événement, tous sont là pour participer à une motociata, un défilé de motos devenu une marque de fabrique du président.
Luis n’en a manqué aucune dans la région. Comme beaucoup, il s’est d’abord intéressé à Bolsonaro par haine du Parti des travailleurs (PT). « Je voulais chasser ce parti du pouvoir à tout prix. Ensuite, je suis devenu fan ! » En 2018, l’outsider d’extrême droite a su s’imposer comme le représentant du rejet envers le PT. Cet « antipétisme », très implanté dans le pays, lui a servi de ciment pour rassembler des électeurs aux intérêts divers.
Le phénomène n’est pas nouveau, il naît presque avec le PT et se développe avec les années. « Sa base syndicale a dès le début inquiété les secteurs entrepreneuriaux habitués à la répression du régime militaire », estime Ricardo Musse, professeur de sociologie à l’université de São Paulo (USP). Mais c’est une fois Lula à la tête du pays que ce sentiment se généralise, surtout à partir du mensalão.
