Après un scrutin législatif très serré dimanche, la Suède pourrait voir, pour la première fois, son gouvernement dirigé par l’extrême droite et la droite. Une victoire pour les Démocrates de Suède de Jimmie Akesson, passés d’une formation infréquentable à poids lourd indispensable.
Un suspense à son comble. Le scrutin extrêmement serré du 11 septembre pourrait donner l’opportunité, en Suède, à la droite et à l’extrême droite de conquérir le pouvoir pour la première fois ensemble, mais les résultats officiels ne seront connus que mercredi 14 septembre. En 17 ans à la tête des Démocrates de Suède (SD), Jimmie Akesson a fait passer son parti du statut de paria du paysage politique suédois à un poids lourd indispensable à la droite pour gouverner.
Principal vainqueur de ce scrutin ultraserré, dont les résultats seront annoncés mercredi, ce brun à lunettes de 43 ans à la carrure solide et à la barbe bien taillée, cultive l’picture du « Suédois regular ».
À l’picture d’une ligne politique qui a transformé un parti héritier d’un groupe néonazi, l’organisation Bevara Sverige Svensk (Gardons la Suède suédoise), en un nationalisme bon teint à emblem à fleur.
« Il veut donner l’picture d’une personne ordinaire (…) qui fait griller des saucisses, half en voyage aux îles Canaries en vol constitution et parle de façon ordinaire », de ce « voisin vivant dans un lotissement abordable dans une petite agglomération », dit à l’AFP Jonas Hinnfors, professeur en sciences politiques à l’université de Göteborg.
Issu de la classe moyenne – père entrepreneur, mère aide-soignante – Jimmie Akesson est né à Sölvesborg, un bourg de 9 000 habitants du sud de la Suède. C’est dans cette Scanie rurale aux maisons avec drapeau suédois en haut du mât, inquiète de la métropole voisine de Malmö à forte inhabitants immigrée, que les SD construisent leur premier bastion.
Entré adolescent en politique, il adhère au parti dans les années 1990, après un passage qui le déçoit au sein du principal parti de la droite suédoise, les Modérés. Il prend alors la tête du SD en 2005 alors qu’il végète autour de 1 % des voix.
« Tolérance zéro » contre le racisme ou pur « vernis » ?
Sous la route de cet beginner de polars et de pizzas-frites, le parti opère un changement identitaire, tant sur la forme que sur le fond. En 2006, il adopte un nouvel emblème, une paisible anémone bleue au cœur jaune, les deux couleurs nationales suédoises, à la place d’une torche bien plus agressive. Dans le même temps, le parti cherche à se détacher des groupuscules racistes et violents et affiche une politique de « tolérance zéro » contre le racisme.
Un vernis, dénoncent ses détracteurs : en août, une enquête de l’entreprise de recherche suédoise Acta Publica conclut que 289 politiciens membres des partis parlementaires suédois ont eu un comportement ou une activité à caractère raciste ou nazie, dont une écrasante majorité (214) au sein des Démocrates de Suède.
Les controverses sur les nombreuses brebis galeuses du parti se poursuivent inlassablement, mais l’ascension est rapide : 5,7 % et des premiers députés au Parlement en 2010, 12,9 % et une place de troisième parti en 2014, puis 17,5 % en 2018.
Appels au passé viking
La forte immigration en Suède dope le parti, dans un pays qui a accueilli près de 250 000 demandeurs d’asile entre 2014 et 2015, soit plus que tout autre pays européen comparé à sa inhabitants d’environ 10 hundreds of thousands d’âmes.
Début septembre, SD publie une vidéo au titre trumpien « La Suède doit être bien de nouveau », ode idéalisée au peuple suédois, convoquant passé viking et elfes mythiques.
Sa formation siphonne les électeurs conservateurs, mais aussi sociaux-démocrates, notamment chez les hommes de la classe ouvrière. « Je pense que (notre succès) s’explique par le fait que les gens ne trouvent pas que les autres partis prennent leur state of affairs au sérieux », affirme Jimmie Akesson à l’AFP, lors d’un assembly de campagne organisé à Stockholm en août.
« PAS comme les autres partis », insiste SD dans son slogan 2022.
Malgré cet affichage, les Démocrates de Suède ont toutefois mis de l’eau dans leur vin, comme d’autres formations nationalistes en Europe, soulignent les analystes. Exit les formules controversées, comme lorsque Jimmie Akesson avait qualifié les musulmans de « plus grande menace étrangère depuis la Seconde Guerre mondiale ».
Autrefois favorable à un « Swexit », le parti a renoncé en 2019 à l’idée d’une sortie de l’Union européenne, constatant l’absence de soutien dans l’opinion.
Pour Jonas Hinnfors, les Démocrates de Suède passent d’un parti « qui dit non à tout, à un parti (…) qui start à voir que l’on peut influencer le plus attainable ».
Mais malgré les succès, son chief a aussi des fragilités : en 2014, il confesse des problèmes d’dependancy aux jeux en ligne puis doit s’écarter de la politique pour surmenage pendant six mois.
Avec AFP