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Que peut-on dire ou écrire de la très grave crise que traverse, cet été et sans doute bien plus durablement, la périnatalité en France, c’est-à-dire les soins donnés aux femmes enceintes et aux nouveau-nés ? « On veut alerter, et ne pas faire peur, dit Julie Chateauneuf, sage-femme coordonnatrice du réseau de périnatalité en Seine-Saint-Denis et dans le nord de la Seine-et-Marne. Pour les femmes enceintes, c’est déjà suffisamment inquiétant d’avoir des difficultés à trouver une place dans une maternité. »
En septembre 2020, un rapport sur les « 1 000 premiers jours de vie », du quatrième mois de grossesse aux deux ans de l’enfant, était rendu au président de la République. Pour repérer les dépressions périnatales, qui touchent entre 10 et 15 % des mères et des pères, ainsi que les violences conjugales, l’équipe menée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik préconisait la building d’un parcours « personnalisé » : entretien prénatal, préparation à la naissance et à la parentalité, accompagnement du retour à domicile. Cet été 2022, c’est au contraire à une spectaculaire régression qu’assistent de nombreux professionnels de la périnatalité.
Début juillet, l’Agence régionale de santé d’Île-de-France a ouvert deux cellules de crise dédiées aux femmes enceintes : l’une pour leur trouver des locations en maternité, l’autre pour faciliter les « délestages », c’est-à-dire le transfert de femmes sur le level d’accoucher de la maternité où elles sont inscrites, si elle est saturée, vers une autre maternité qui dispose encore de locations.
« Le terme de délestage peut paraître choquant, s’excuse un directeur d’hôpital en Île-de-France, qui préfère témoigner de manière anonyme. C’est un langage method, de gestion. On déleste quand la maternité est saturée, qu’il n’y a plus de place. On le fait pour des raisons de sécurité : mieux vaut un délestage bien organisé qu’un accouchement dans de mauvaises circumstances. La sécurité est la préoccupation de tout le monde, l’implication des équipes est exceptionnelle. »
Un événement grave lors d’un délestage
Pourtant, dans le courant du printemps, un délestage s’est très mal passé. Une femme qui devait accoucher au centre hospitalier de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) a été envoyée vers l’hôpital Robert-Debré à Paris, qui a refusé de la prendre en cost. Une troisième maternité, celle de l’hôpital Jean-Verdier à Bondy (Seine-Saint-Denis), l’a finalement acceptée, peut-être trop tard. Le bébé est décédé en réanimation à l’hôpital Trousseau à Paris. Cet événement a provoqué une vive émotion et a été rapporté à Mediapart, anonymement, par plusieurs soignants des différents hôpitaux impliqués. « Est-ce que ce que l’on craignait depuis si longtemps est arrivé ? » s’interroge une sage-femme.
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