Docteure en écologie, Anne Ganteaume est directrice de recherche dans l’équipe « Écosystèmes méditerranéens et risques » de l’Institut nationwide de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Elle travaille sur les surfaces brûlées et les causes de départs de feux dans le sud-est de la France. Alors que les feux en Gironde continuent de détruire des campings, des maisons, des milliers d’hectares (près de 20 000 au 19 juillet : 6 500 hectares de forêt à La Teste-de-Buch et 12 800 à Landiras, selon la préfecture), que les pompiers luttent avec les feux partout en France, la chercheuse décrypte la gestion des risques incendies.
Mediapart : Remark analysez-vous l’ampleur de ces feux de forêt en Gironde ?
Anne Ganteaume : Partout en France, le risque incendie est très élevé, puisque nous sommes en pleine sécheresse. Les feux en Gironde comme en Bretagne sont notamment dus à des situations météorologiques vraiment extrêmes. La végétation subit un stress hydrique depuis de nombreux mois. À partir du second où un feu s’y déclenche, avec un peu de vent, cela prend immédiatement de grosses proportions. De plus, en Gironde, la forêt qui brûle est constituée de pins maritimes. En termes d’adaptation, le pin maritime n’est pas une espèce résiliente (les arbres qui vont brûler mais qui se régénèrent ensuite). Ce sont des plantations qui sont en continuité et donc le feu a un comportement plus difficile à gérer que dans une garrigue.
Peut-on parler de mégafeu en Gironde ?
Non, pas en Gironde, notamment parce que ce sont plus des feux cumulés. Il n’y a pas de victimes humaines, quasiment pas de maisons touchés : pour moi, on ne peut donc parler de mégafeu, mais peut-être que d’autres vous diront le contraire.
